Encourager l’autoconsommation partagée d’une énergie d’origine renouvelable et locale. Voilà l’ambition de l’expérience « E-cloud », menée par ORES depuis le début de l’été dans un parc d’activités économiques de Tournai. Douze entreprises ont été invitées à puiser prioritairement leur énergie dans les productions renouvelables situées à proximité, avec en perspective 8 à 14 % d’économie sur leur facture d’électricité.
L’autoconsommation collective, c’est la nouvelle étape du développement des énergies renouvelables. Le concept doit permettre à plusieurs voisins de se réunir pour produire et consommer une énergie renouvelable locale. De nombreux cas de figure peuvent être imaginés : un ménage qui partage le surplus de son électricité solaire avec ses voisins, une école équipée de panneaux photovoltaïques qui alimente le quartier en électricité, une éolienne qui fournit de l’énergie aux entreprises d’un zoning industriel… Bref, plusieurs modèles de circuits courts de l’énergie renouvelable sont envisageables et la Wallonie souhaite les encourager.
Un décret ouvrant la voie à ces nouvelles communautés locales d’énergie
Pour favoriser l’émergence de ces nouvelles communautés énergétiques, pas de câbles privés entre voisins ou de micro-réseaux fermés. Le Gouvernement wallon a imaginé un processus inclusif en plaçant le réseau de distribution au cœur de son décret sur l’autoconsommation collective. Adopté au printemps dernier, le texte définit le mécanisme comme un « partage, dans un périmètre géographique donné et via le réseau public de distribution ou de transport local, de l’électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelables ou de cogénération de qualité, entre un ou plusieurs producteurs et un ou plusieurs clients finaux. »
Quels avantages présentent ces communautés locales d’énergie ? Les avantages du « produire et consommer local » sont nombreux. D’abord, cela ne nécessite pas d’investissements supplémentaires : les infrastructures de distribution existent et peuvent être paramétrées pour favoriser l’autoconsommation collective. Ensuite, la démarche incarne une intégration plus vertueuse des énergies renouvelables : la consommation est encouragée lorsque la production renouvelable est la plus abondante et cela conduit donc à moins de surplus « inutilisés » et renvoyés sur le réseau. Enfin, comme le réseau de distribution reste au cœur du mécanisme, les clients continuent à participer aux coûts liés à sa gestion et à son entretien, ce qui permet de maintenir un système à la fois collectif et solidaire. |
ORES teste déjà l’« E-cloud »
Dans son rôle de facilitateur au service des autorités publiques, ORES a été proactive ces dernières années pour encourager ces nouveaux modes d’utilisation du réseau électrique. Depuis 2015 déjà, elle étudie la possibilité de mettre ses infrastructures au service de cette dynamique d’autoconsommation collective. ORES s’est entourée de nombreux partenaires – publics, privés, universitaires – pour imaginer l’« E-cloud » : une communauté locale d’énergie au sein de laquelle les entreprises d’un zoning consomment prioritairement l’électricité produite par les éoliennes et les panneaux solaires avoisinants, électricité mise à leur disposition sur base d’une clé de répartition prédéfinie.
Douze entreprises du zoning de Tournai Ouest participent aujourd’hui à un premier test grandeur nature. Parmi elles, un producteur de plastique, un grand groupe industriel avec des zones de stockage et des frigos, ou encore une petite entreprise qui fabrique des vitraux.
Dans le parc d’activités économiques de Tournai Ouest, douze entreprises participent volontairement au projet « E-cloud ». Elles sont encouragées par un tarif avantageux à consommer de l’énergie verte produite localement.
Un tarif avantageux pour l’énergie verte produite localement
Sur l’énergie verte autoconsommée, les entreprises paient un tarif de distribution spécifique et avantageux. Sur le reste de l’électricité consommée, c’est le tarif classique qui s’applique sur la facture qu’elles règlent auprès de leur fournisseur d’énergie. Chaque entreprise reçoit chaque jour une prévision de la production renouvelable locale du lendemain. De quoi lui permettre d’adapter sa consommation d’électricité au mieux, en fonction du soleil et du vent.
Le test a débuté le 1er juillet dernier. Les gains attendus sur la facture d’électricité des entreprises participantes sont de l’ordre de 8 à 14%. Un coup de pouce bienvenu pour nos industriels !
Aujourd’hui à Tournai, demain partout en Wallonie ?
ORES compte bien utiliser les leçons de cette première expérience pour formuler des recommandations à la CWaPE et au nouveau Gouvernement wallon qui doivent encore définir les règles pratiques qui vont accompagner le décret adopté au printemps dernier.
Et en attendant que le projet tournaisien livre ses premiers résultats, les équipes d’ORES continuent à aller de l’avant. Une cartographie des zonings wallons est en cours d’élaboration. C’est le projet « Zelda » (pour zonings à énergie locale durable) qui vise à déterminer qui seront les prochains clients éligibles si le test mené en Wallonie picarde se révèle concluant. De quoi aussi stimuler demain, pourquoi pas, de nouvelles implantations d’éoliennes ou de champs photovoltaïques.
Un projet innovant qui rassemble de nombreux experts
Début juillet, ORES organisait une conférence de presse à l’occasion du lancement du pilote de Tournai. Aux côtés de David Vangulick (responsable du projet pour ORES et chef du service Solutions techniques et vision long terme) et de l’ Administrateur délégué Fernand Grifnée, se trouvaient d’autres acteurs qui ont permis au projet « E-cloud » d’exister. ORES a ainsi fait appel à Siemens et à l’Université de Mons pour donner de l’information de consommation et de production en temps réel aux clients (via une interface web accessible sur tablettes, PC et smartphone), mais aussi pour établir les prévisions du lendemain. La société N-Side, spin-off de l’UCL, a apporté sa pierre à l’édifice en développant les algorithmes de calcul qui facilitent les échanges entre partenaires. L’agence de développement territoriale IDETA a accueilli le projet sur son territoire et recruté les entreprises participantes, tandis que le fournisseur d’énergie Luminus a mis une partie de ses productions renouvelables locales à disposition. Enfin, l’entreprise Dapesco a apporté son expertise en matière d’efficacité énergétique.